Chloroquine : miracle ou mirage ? 

le 6 avril 2020, par l'équipe Labtoo

L’opinion des Français sur la chloroquine et la recherche de traitements contre le coronavirus

Le monde vit une crise sanitaire majeure et attend une réponse de la part des acteurs de la Recherche scientifique pour trouver un vaccin et un traitement contre l'infection à SARS-CoV-2 et nous sortir de la crise.

Nous avons réalisé un sondage avec l’Ifop pour mesurer l’avis de l’opinion publique sur la Chloroquine et sur le soutien des projets de Recherche sur le Coronavirus et sur d’autres pathologies. Les résultats montrent que nous vivons un moment unique : la très vaste majorité de la population française a une opinion sur l’efficacité d’un médicament. Le monde scientifique préconise très largement le principe de précaution dû à la faiblesse des preuves des essais cliniques sur l’utilisation de la Chloroquine pour le traitement du Covid-19.

Il va falloir que les responsables politiques réagissent vite si la Chloroquine s’avérait utile pour éviter une double catastrophe sanitaire : celle de l’automédication d’une molécule aux effets secondaires délétères et celle de la pandémie qui continuerait par manque de stock due à une production trop tardive.

Cette étude met également en lumière l’opinion des Français sur le soutien des pouvoirs publics pour les projets de Recherche. Selon une grande majorité d’entre eux le soutien est insuffisant que ce soit pour des projets sur le Coronavirus (55%) que sur d’autres pathologies (70%).

A l’heure où une pétition signée par des personnalités médicales (ex : Philippe Douste-Blazy, Patrick Pelloux …) et près de 200 000 signataires relance le débat de la chloroquine au sein de la communauté scientifique, l’Ifop publie pour Labtoo, une plateforme pour la recherche médicale, une enquête qui montre que l’opinion publique est, elle, majoritairement convaincue de l’efficacité du protocole défendu par le professeur Raoult et soutient, pour une grande part, un assouplissement des conditions de prescription de la chloroquine.

1. Les Français savent-ils qu'il existe un traitement à base de chloroquine contre le coronavirus ?

Au regard des résultats de l’enquête, la question des bienfaits de la chloroquine contre le coronavirus a largement dépassé le cercle des experts scientifiques et politiques dans la mesure où la quasi-totalité des Français (98%) en ont parler et que la majorité d’entre eux (58%) voient précisément en quoi consiste cet anti-paludien aujourd'hui souvent utilisé contre certaines maladies auto-immunes.

 

2. Les Français pensent-ils que la chloroquine est effficace contre le coronavirus ?

A l’heure où une pétition signée par des personnalités médicales (ex : Philippe Douste-Blazy, Patrick Pelloux…) et près de 100 000 signataires relance le débat de la chloroquine au sein de la communauté scientifique, l’opinion publique semble, elle, majoritairement convaincue de son efficacité contre le coronavirus : 59% des Français estiment qu’il s’agit d’un traitement efficace contre le Coronavirus, contre 20% qui pensent le contraire et 21% qui n’ont pas d’avis sur le sujet.

Dans le détail des résultats, il est intéressant de noter que la croyance dans l’efficacité de la Chloroquine (en moyenne à 59%) est étroitement corrélée à l’idée complotiste que le virus a été fabriqué dans un laboratoire (65%) et qu’elle est particulièrement dans les rangs des entre extrêmes (LFI : 80%, RN : 66%), des électeurs de droite (71% des sympathisants LR) et des sympathisants des Gilets jaunes (80%). Elle suscite aussi un clivage régional original dans la mesure où c'est en Provence-Alpes-Côte d'Azur – où se situe le laboratoire du professeur Raoult – que la croyance dans l’efficacité de la Chloroquine est la plus forte : 74% des habitants de la région ayant Marseille pour capitale y croient contre seulement 58% des habitants de la région parisienne.

Si la majorité des Français est convaincue par les bienfaits de la solution thérapeutique préconisée par le professeur Raoult, la chloroquine semble tout particulièrement défendue par les catégories de Français ayant une grille complotiste de la crise sanitaire et les personnes généralement les plus sceptiques à l’égard des discours des autorités sanitaires parisiennes et du gouvernement. En suscitant avant tout des espoirs dans les rangs des personnes les plus opposées au gouvernement (ex : Gilets Jaune, gauche et droite radicale, électeur LR) ou les plus sensibles faxe news liées, le débat sur la chloroquine met donc en lumière des clivages sociaux, politiques ou géographiques préexistants qui en font, avec le débat sur la gestion des masques, un facteur de rupture de l’union nationale ayant un temps présidé face à la crise.

 

3. Combien de Français souhaitent un assouplissement des conditions de prescription de la choloroquine ?

Alors que la pétition a appelé à assouplir d'urgence les possibilités de prescription d'hydroxychloroquine, cette étude montre que près d’un sur deux (49%) est favorable au fait que sa prescription ne soit plus réservée aux médecins hospitaliers mais élargie aux médecins de ville afin qu’ils puissent la prescrire à leurs patients atteints du coronavirus. Les Français soutiennent en revanche plus nettement (55%) la position actuelle des pouvoirs publics qui limitent sa prescription aux malades les plus gravement atteints.

 

4. Quand les Français pensent qu'un traitement efficace contre le coronavirus sera disponible ?

Les Français se montrent dans tous les cas assez septiques sur la diffusion rapide d’un traitement efficace contre le coronavirus : seuls 21% d’entre eux pensent qu’un traitement sera disponible « avant cet été (juin 2020) » et un tiers (32%) « après cet été (septembre 2020) ». Ainsi, près de la moitié (47%) estime qu’il faudra attendre 2021 pour qu’un traitement efficace soit disponible en France.

 

5. How do the French view support for research against coronavirus and other diseases?

Enfin, les Français jugent assez sévèrement l’action des pouvoirs publics en la matière dans la mesure où une majorité d’entre eux estiment qu’’ils ne soutiennent pas suffisamment les travaux de recherche sur le coronavirus (55%) mais aussi sur d’autres virus que le coronavirus (67%).

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