COVID-19 : des facteurs de risques révélés par une étude inédite 

le 18 mai 2020, par l'équipe Labtoo

Une étude établissant des corrélations entre le taux de décès de patients COVID-19 et leurs facteurs de risques potentiels a été révélée ce 7 mai dernier, bien qu’encore non examinée par les pairs. Réalisée en Angleterre sur la base de registres électroniques médicaux, Labtoo fait le point sur ses résultats préliminaires.

 

Contexte de l’étude

Les recherches sur le COVID-19 en R&D s’intensifient, révélant peu à peu de nouvelles informations sur le virus et ses conséquences. Une équipe de recherche anglaise, regroupée sous l’« OpenSafely Collaborative » et dirigée par Elizabeth Williamson, a ainsi mis en lumière les facteurs de risques les plus susceptibles d’entraîner un décès chez les patients atteints du COVID-19.

La population de l’étude s’étend à 17,5 millions de patients traités dans les hôpitaux du Royaume-Uni, bien que la majorité ne soit pas atteinte du coronavirus. Les données des dossiers médicaux de ces patients ont été analysées à l’aide de la plateforme digitale OpenSafely, sur une période temporelle s’étalant du 1er février au 25 avril.

Le principal résultat mesuré est la mortalité en milieu hospitalier des patients atteints du COVID-19. La méthode utilisée consiste en une étude de cohorte analysée par régression de Cox, ce qui a permis de générer des rapports de risques (hazard ratios) centrés sur des critères jugés cliniquement pertinents (âge, sexe, ethnies, etc.).

 

Pour quels résultats ?

Parmi les 17,5 millions de patients participant à l’étude, 5683 d’entre eux sont décédés du coronavirus. Les facteurs de risques détectés lors des analyses sont les suivants :

L’âge : les patients de plus de 80 ans ont un risque instantané 12 fois plus élevé de décéder du coronavirus que les 50-59 ans. De manière générale, les risques s’élèvent de façon exponentielle à mesure que l’âge augmente. L’âge constitue ainsi le facteur de risque le plus important concernant le risque d’infection et de décès par COVID-19.

Le sexe : les hommes présentent deux fois plus de risques que les femmes.

L’ethnie : les personnes de couleurs et d’ethnies non-blanches, et plus spécifiquement les personnes noires ou asiatiques, présentent globalement plus de risques d’infection et de décès.

La précarité : il s’agit du seul facteur de risque dont la prépondérance a augmenté au cours de l’étude. Les personnes les plus précaires sont ainsi plus à risque que les autres.

Le tabac : plusieurs ajustements ont été réalisés pendant l’étude afin de déterminer si le tabac avait une influence sur le risque de décès par COVID-19. Bien que les résultats varient selon les covariables prises en compte, il demeure toujours une corrélation positive entre une consommation de tabac ancienne et le risque de décès par coronavirus. Une consommation actuelle de tabac n’a cependant pas démontré d’augmentation de risque de décès, et semble au contraire avoir un effet protecteur par rapport aux décès par COVID-19. Cela n’est cependant plus le cas avec un ajustement uniquement sur le sexe et l’âge, ou l’ethnicité seule, ce qui marque l’une des limites méthodologiques de l’étude.

En plus de ces potentiels facteurs de risque, l’étude a également analysée les comorbidités associées aux patients.

Il en est globalement ressorti que les risques de décéder du COVID-19 étaient plus élevés en cas de diabète, de surpoids et d’obésité, d’asthme, de maladie cardiovasculaire chronique, de maladie hépatique, d’AVC et de démence, de maladie neurologique, d’insuffisance rénale, de transplantation d’organe et de maladie auto-immune.

Les personnes atteintes de cancer sont également plus fragiles, avec un risque instantané plus élevé si le diagnostic du cancer remonte à moins d’un an.

Les patients atteints d’hypertension ne se sont pas révélés plus à risque que les personnes non atteintes.

 

Les conclusions à en tirer

Les résultats de cette étude à l’envergure nationale sans précédent confirment la plupart des observations tirées de bien d’autres petites études : le risque d’infection et de décès par COVID-19 dépend de plusieurs facteurs de vulnérabilité, dont l’âge, sans doute le plus important d’entre tous au vu des risques déterminés, mais aussi de facteurs socio-économiques tels que l’ethnicité et la précarité, dont les causes sous-jacentes restent à élucider, et de comorbidités dont souffrent les patients COVID-19.

Bien que présentant des résultats intéressants, cette étude qui n‘a pas encore été examinée par les pairs présente néanmoins quelques limites, dont :

La censure de certaines données cliniques : en raison du grand nombre de patients inclus, les dossiers ne comportent pas tous les mêmes informations. Par exemple, seuls 26% des dossiers mentionnent l’origine ethnique des patients.

L’explication de l’impact de l’ethnie sur le nombre de décès associés au COVID-19 n’est pas claire : l’analyse des données ne permet de distinguer s’il s’agit d’un facteur biologique ou socio-économique. Il n’y a pas eu de test de corrélation réalisé entre l’ethnie et la précarité.

L’absence d’un dépistage systématique des patients de la cohorte : ceci peut amener à exclure des résultats des patients décédés du COVID-19 non dépistés.

Le nombre de cas total (en cours, guéris, décédés) n’est pas mentionné, ce qui peut induire un biais dans l’analyse des facteurs de risque de décès.

Les analyses de sensibilité effectuées semblent montrer la robustesse des résultats obtenus. Toutefois, des incertitudes subsistent toujours : l’effet supposément protecteur du tabac reste ainsi à démontrer. Cette étude relève également une absence de corrélation entre hypertension et mortalité, qui a pourtant été signalée dans d’autres études.

L’une des forces de cette étude est son grand nombre de critères analysés. Cependant, l’analyse d’un trop grand nombre de critères peut entraîner une sous-estimation du poids de certains facteurs de risques, due à l’ajustement multiple qui « écraserait » alors la véritable incidence de plusieurs facteurs. Ceci se révèle particulièrement vrai pour les facteurs ayant un impact fort sur d’autres, tels que le tabagisme ou l’âge.

Quoiqu’il en soit, il est évident que des groupes de patients soient plus fragiles face au COVID-19 que d’autres, qu’il est de rigueur de protéger : la littérature scientifique s’accorde sur ce point. La pandémie continue de progresser partout dans le monde, à un rythme certes moins soutenu qu’auparavant ; mais il n’en demeure pas moins que les recherches doivent se poursuivre, et Labtoo continue également de se mobiliser pour la cause.

Que vous ayez besoin de prestataires R&D pour travailler sur des projets COVID-19, ou que vous souhaitez apporter votre expertise biotech pour mener à bien ces mêmes projets, Labtoo est là pour vous aider. Notre initiative COVID-19 recense l’ensemble des prestataires biotech pouvant aider à faire avancer la recherche sur le coronavirus, et à accompagner les équipes dans leurs projets. Pour plus de détails, rendez-vous sur notre page spéciale COVID-19.

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